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Le mini opéra

Table des matières

Acte I – A l’ occasion du premier voyage de Jacques de Bonté Divine depuis plus de trente ans sur GélinotteXII Cendre et Sabre évoquent certains des précédents voyages des années passées de l’explorateur spatial devenu homme politique galactique. Mais le voyage est finalement reporté…

Acte I – A l’ occasion du premier voyage de Jacques de Bonté Divine depuis plus de trente ans sur GélinotteXII Cendre et Sabre évoquent certains des précédents voyages des années passées de l’explorateur spatial devenu homme politique galactique. Mais le voyage est finalement reporté…

Acte II – Le meeting est finalement reprogrammé deux ans plus tard et toute l’équipe de campagne prépare avec minutie ce déplacement fondamental dans la quête d’un mandat supplémentaire. Le central comme à l’accoutumé a ses habitudes dans une petite auberge des abords de l’aérodrome…

Acte III – Jacques de Bonté Divine arrive sur GélionotteXII et renoue avec ses ancestrales habitudes de s’amouracher de la tenancière qui n’est autre que la petite fille et la fille de ses anciennes amours. Les deux amants se trouvent et se retrouvent comme s’ils ne s’étaient jamais quittés ! Ils planifient le court passage de Jacques  sur la planète afin d’optimiser le bonheur qu’ils pourront en tirer. Cendre met entre parenthèse toutes ses autres activités.

Acte IV – Passion dans les étoiles

Acte V – Le départ de Jacques qui passe rapidement à autre chose et comment le souvenir se forge en une couche supplémentaire dans le cœur de Cendre et comment la légende se renforce. Cendre se confie à sa fille Lune.

Contexte de l’acte III

Elle avait les yeux bleus et les oreilles en pointe comme il se doit. Lui l’air revenu de tout mais à son âge cela pouvait se comprendre aisément. Sa force tenait dans sa capacité à perdre son air blasé dès que son attention était attirée par une nouvelle fraiche.


Fraîche, elle l’était, tout comme avaient été fraîches sa mère et sa grand-mère bien avant elle. Pour un peu il aurait pu être son père…


Cendre leva les yeux au ciel pour ne rien perdre de la manœuvre d’approche du vaisseau qui transportait son héros. Il était revenu. Il ne reverrait pas grand-mère Alexane qui avait lancé la manie de parler de lui, de ses grands airs, de son port de tête altier, de sa façon de se donner tout entier tout en se moquant pas mal de ses conquêtes. Il ne verrait pas plus maman Sabre éloignée sur une partie reculée de la planète. Cendre ne lui parlerait même pas de la visite du sieur Jacques de Bonté Divine. Trop d’années les séparaient. Le temps avait laissé trop de traces chez l’une, trop de crevasses dans ses mains et sur son visage, trop de rides sur le front et de souvenirs à l’intérieur. Jacques de Bonté Divine n’était pas homme à se soucier d’une petite vieille de surcroit habitant un village inaccessible d’une planète périphérique. Son front à lui était lisse et ses souvenirs de par trop brouillés pour y pouvoir retrouver une banale histoire d’amour parmi tant d’autres.


Les avaient-ils aimé pourtant ces deux poussières d’étoile, la mère après la grand-mère sans qu’il n’ait jamais eu connaissance du lien de parenté unissant ces deux amantes extra-terrestres ? Lui n’en avait jamais reparlé, ni dans ces beaux discours qui lui permettaient de se faire élire et ré-élire décennies après décennies au parlement de l’univers qui finançait ses beaux mais fastidieux voyages. Ni dans sa sphère privée réduite qu’il protégeait par-dessus-tout. Il lui restait de vieux parents toujours en pleine forme qui paradaient dans les mondes les plus improbables comme s’ils cherchaient à mettre en vedette leur jeunesse éternelle. Il possédait une femme qu’il avait épousée adolescente et qui n’avait pas évoluée depuis. Elle lui avait donné deux garçons car dans son monde, à cette époque, on procréait encore à l’ancienne, un jeune esthète qui peaufinait son corps d’athlète dans l’espoir de voir tomber des records toujours plus improbables et un snobinard, complaisamment installé dans une quarantaine de calcul, qui avait été un concurrent acharné pour la présidence pendant des siècles avant que l’un et l’autre ne se soit mutuellement écartés de la trajectoire à force d’acharnement au combat.


Il aurait pu se douter de quelque chose pourtant s’il avait été un tant soit peu plus ordonné, plus organisé, ou plus attentionné. D’une part la mère et sa fille tenait le même gite. D’autre part la seconde n’était éloignée de la première que d’une vingtaine d’année tout au plus…


Mais en 20 ans que de choses fait-on, aurait rétorqué Jacques jamais à court d’arguments, si on lui en avait fait la rem arque. Le fait est qu’on ne lui faisait jamais de commentaires ou que si on les lui avait faits autrefois ceux-ci, comme le reste, étaient depuis belle lurette tombés dans l’oubli...


A l’extrême opposé, Alexane, Sabre et Cendre se nourrissaient de souvenirs. Que la mère et la fille aient connu le même homme ne les gênait absolument pas. Les souvenirs semblables se renforçaient les uns les autres à tel point que Cendre ne savait pas toujours démêler un écheveau dans lequel ses aïeules se mouvaient si aisément pour avoir été les acteurs de l’intrigue.


Comme par le passé Jacques descendait dans un lieu de repos typique et relativement bon marché des environs de l’aérodrome. Non qu’il se souvint de ses séjours précédents. Ses aspirations et son humeur n’évoluaient pas beaucoup tout comme les établissements de la capitale sur cette planète tranquille ce qui explique sans doute pourquoi invariablement son secrétaire ou le service responsable de l’organisation de ses déplacements réservaient toujours à la même adresse. Le préposé pouvait avoir changé dans l’intervalle car on restait rarement plus d’une trentaine d’année à un tel poste si mal considéré, il n’empêche, l’Auberge de l’Etoile Double arrivait toujours en tête de sélection et c’était toujours chez elle que le prélat venait trouver le bon repos dans ce monde.
La propreté de l’intérieur, la façade modeste mais impeccable, le mignonnet jardin sur lequel elle s’ouvrait, tout aurait pu être familier à Jacques, particulièrement le bassin japonais aux poissons chinois et le banc moussu sur lequel Jacques avait déclamé des vers à ses amoureuses de vingt ans. Mais justement, de vingt ans en vingt ans, c’était précisément le temps qu’il mettait à nettoyer un souvenir heureux, même une transe, le temps que les sédiments d’autres souvenirs recouvrent bien complètement l’amour toujours déçu. Vingt ans c‘était des intrigues politiques tellement complexes qu’il fallait au moins connaître tout l’arbre généalogique de la reine pour continuer à y voir clair. C’était des rendez-vous, des palpitations, des lapins et des canulars quand ils n’étaient plus chauds. Vingt ans c’était des procès et des élections, des postes, des titres et des décorations.  De quels 20 ans parlait-on au juste ? Même les tout premiers, ceux soi-disant inoubliables, étaient noyés dans l’amas grotesque de ses souvenirs épars.


Elle, Cendre, le connaissait donc par cœur même s’il elle ne l’a jamais vu. Ce sont ses parentes qui lui ont parlé et reparlé de lui et qui lui ont appris à l’aimer. Son enfance a baigné dans la lumière de ses exploits. Ce Jacques qui descend ce soir à son Auberge c’est un peu comme si Ulysse s’annonçait dans un Formule 1 du Pirée. Elle en est déjà amoureuse. Ses sentiments sont préparés par les années de louanges qu’ont chantées ses mères du beau visiteur. Il arrive en terrain conquis. Elle s’est parée, simple, fraîche, digne représentante de ses parentes et de la qualité des filles aux oreilles légèrement en pointe de ce monde.


La couleur des yeux chez les gélinottes est souvent renforcée par un trait bleu qui transparait sous la peau au niveau de la partie haute de la pommette. Toutes ne portent pas ce trait distinctif plutôt féminin mais chez Cendre il est particulièrement marqué. Il donne à son regard un air de feu car c’est tout le haut de son visage qui vous foudroie de bleu quand elle vous fixe. Mais lorsque ses yeux sont plissés, lorsque ses joues s’étirent à tel point que le trait s’amenuise, avec ses double bandes bleus de part et d’autre d’un nez petit aux narines finement ourlées, il reste un air de mystère à son sourire et dans son invitation.


Cendre pour l’heure soupira. Cette fois pas de doute il débarquait pour de bon. Elle ouvrit le registre, pianota sur quelques touches du bureau pour faire coïncider les multiples portraits de Jacques de Bonté Divine : ceux du temps jadis avec celui qu’avait récemment transmis la centrale de réservation. On ne pouvait pas dire qu’il n’avait pas changé mais la période d’analyse couvrait plus de 50 années ! Par certains aspects il avait un air plus jeune. La fantaisie dans sa coiffure car ses cheveux étaient portés plus long et qu’un bandeau de couleur orange les tenaient attachés. L’éclat de ses pupilles, plus noires et plus brillantes comme s’il avait été capturé sous l’effet d’une substance euphorisante. La couleur et la texture de ses paupières qui étaient plus creusées, ce qui le vieillissait mais en même temps plus lisses comme une peau de bébé et très légèrement bleutée sans doute un effet de maquillage ce qui, au contraire, le jeunissait. Ainsi on n’aurait pu remettre dans l’ordre chronologique les portraits. On n’aurait su dire de la dernière prise de vue de l’ensemble de combien elle datait ni même si elle datait effectivement ou si elle était antérieure.


Mais Cendre qui connaissait son Jacques par cœur savait voir plus profond et deviner au-delà des lignes, des ridelles et de l’apparence physique les marques psychologiques qui traversaient son héros. La manœuvre d’approche en cours, l’atterrissage, le protocole, elle ne rencontrerait le voyageur sur pied que d’ici quelques heures. D’ici là elle devait peaufiner sa préparation à le recevoir.


Cette fois il viendrait bien. Son déplacement n’avait pas été annulé comme 2 ans auparavant. Toutes les informations confirmaient sa venue et le vaisseau était là, sous ses yeux, bien visible dans l’appareil qui grossissait le minuscule point apparemment immobile en plein dans la vitre du bulbe de la terrasse panoramique. Elle divisa donc le temps qu’il lui restait en trois parties égales. Tout d’abord elle réorganisa sa vie à venir pour ne pas être dérangé par les affaires quotidiennes. Cendre avait plusieurs affaires en cours. De cœur, de sexe et encore d’autres passions. Elles les vivaient toutes aussi intensément les unes que les autres sachant parfaitement gérer un emploi du temps certes complexe mais parfaitement maîtrisé avec l’aide d’un ensemble de prétendus gadgets devenus, au gré de la complexité de ses envies multiples, parfaitement indispensables. Elle prévint ses amants, annula ses rendez-vous, mis en veille ses projets comme quand elle se préparait à hiberner, une fois l’an, pendant les jours de tempêtes et de grand gel, journées qu’elle avait tellement détestées enfant, qu’elle avait imaginé adulte, comme beaucoup d’autres habitant de cette partie de Géline, de les boycotter.


Ensuite elle s’apprêta. Cela signifie qu’elle passa toute une partie de son temps dans ses appartements privés à planifier ce qu’elle se mettrait sur le pelage pendant les quelques heures à venir. Elle devait avoir tout bien planifié pour, selon la mode en vigueur à l’époque qui plairait peut-être à Jacques et qui lui plaisait à elle certainement, n’avoir plus qu’à entrer et ressortir de sa cabine de transformiste aux moments charnières de la journée. Des plumes pour la soirée après souper. Un latex pour sortir, s’ils sortaient, avec un capuchon intégré car c’était jour de pluie. Dessous la panoplie de renard dans laquelle elle préférait se mouvoir quand elle allait danser. Une tenue smart et chaude pour l’apéro sur la terrasse qu’elle garderait pour le diner, qu’elle remettrait à l’occasion s’ils venaient à faire un tour de jardin après les boissons, à moins qu’elle ne la troque pour une tenue plus légère, plus sensuelle, plus verte pour que Jacques puisse profiter tout à la fois de sa nature de belle plante et de la vue de ses jambes fines comme des lianes en même temps que des produits biologiques que la planète prodiguait dans les maraichers de l’Auberge qu’elle aurait disposé devant lui dans un creux de la table ! Elle prit longuement le temps de se tatouer, de se poudrer et de parfumer les différents costumes qu’elle comptait porter au cours de la féérique soirée. Mais de bijoux point car tout devait être collé à même la peau ou imprégner les habits dont la qualité principale était de laisser respirer et bouger le corps, c’est-à-dire qu’ils devaient le révéler en le serrant mais pas de trop pour ne pas lui infliger de marques ni ne l’entraver !


Enfin elle s’accordât un moment de repos et de détente devant sa bergère, une vieille commode en demi-cercle tapissée de miroirs et d’écrans en face de laquelle elle aimait s’agenouiller sur une chaise orthopédique sans dossier sur laquelle elle pouvait rester des heures sans fatigue. Il lui arrivait de passer des nuits à manipuler de vieux livres, à effleurer du bout de la pulpe des doigts ses marbres pour faire défiler les images innombrables de son passé sur les récepteurs qui recouvraient le vieux meuble, à les assembler diversement, à recomposer les scènes comme une enfant rejouerait des chimères avec ses figurines, avec ses poupées de chiffons autrefois ou ses doudous customisés d’aujourd’hui. Là elle relut les vieilles lettres de Jacques, rejoua les scènes d’une riche filmographie d’amateur, toutes ces informations d’autant plus facilement accessibles qu’elles avaient été précieusement répertoriées et rangées durant des nuits entières par les femmes d’ici et d’ailleurs de la tribu.
Elle n’a rien mangé n’a rien bu depuis le matin comme si elle voulait rester pure pour mieux savourer le bonheur de retrouver le porte-bonheur de la famille. Car Jacques-le-fil-rouge n’a apporté que chance à cette lignée matriarcale qui se repait de son souvenir. La grand-mère Alexane a emporté dans la tombe tous ces moments merveilleux que Sabre et Cendre ont ensuite numérisés et qu’on peut rejouer devant soi comme si c’était hier. Se rendre sublime pour Jacques, réfléchit Cendre, c’est permettre à sa grand-mère de revivre à travers ce moment-là !    


Extrait de l’acte III

Acte II – Scène XXXVI


Jacques et Cendre se croisent pour la première fois et se fixent des yeux dans un salon de l’Auberge.

Lui : On se connait?

Elle : Peut-être! Tu ne te souviens pas de moi?

Lui : Le devrais-je? Tu es belle il est vrai et une belle femme ne s'oublie jamais...

Elle : Jamais, vraiment? Nous nous sommes déjà aimé!

Lui : Ma foi je ne m'en souviens plus mais c'est que j'ai vraiment bon goût!

Elle : Le jardin des olives, la sente aux arbrisseaux, le pique-nique de griottes, ne te souviens-tu donc de rien?

Lui : Vague souvenir et je ne suis pas certain de ne pas mélanger. Quel est le nom de ta planète, rappelle-le moi?

Elle : GelinotteXII pour vous servir! Vois, tu ne sais même pas ou tu descends!

Lui : Mes conseillers s'occupent de mon emploi du temps. Je suis en représentation pour...

En chœur (elle et lui):
... porter la parole des parlementaires universels jusqu'aux coins les plus reculés de la galaxie.

Lui : Et parfois convaincre ses ressortissants de voter pour nous. D'où connais-tu mon texte? As-tu assisté à un meeting précédent? Étais-tu sur Io la semaine dernière? Ou au grand raout sur Titan il y a tous justes trois jours? Un succès phénoménal, nous avions attiré toute la première couronne. Le ban et l'arrière ban! L'aérodrome était surpeuplé. Certains ont dû rester en orbite le temps que la zone désengorge. Ils ont raté mon allocution…

Elle : Je ne voyage pas. Je n'ai jamais quitté Géline. Je ne sais pas si j'en aurai le courage.
En aparté elle, s’éloignant : Maman aussi en a manqué quand il s'est agi de te suivre... Elle sentait le coup foireux? Et puis ça ne se fait pas chez nous de tout plaquer pour un mec si génial soit-il! On trouve ça dégradant, autant les femmes que les hommes, alors on se méfie! Ça l'a pas empêché de faire sa vie, de m'avoir moi avec un inconnu d'une banque de sperme et surtout de me parler de toi dès mon plus jeune âge, du souvenir impérissable que tu lui laissais, de ces fiançailles loin de tout que vous aviez célébré comme si tu n'étais pas la personne tellement importante que tu es, comme si le devenir de vous deux était plus important que votre passé respectif!

Lui allant la rechercher : Dézoner n'est pas si compliqué. Il y a bien quelques tracasseries administratives... Il y a bien longtemps j'ai appris à les contourner. Maintenant je ne sais plus trop ou j’en suis avec toute leur connerie administrative. On s'occupe de tout, on me trimbale à droite puis à gauche comme une curiosité. J'ai parfois la sale impression d'être le clown triste dans sa roulotte qui, les soirs de première, ne sait plus très bien s'il doit rire ou pleurer!

Elle s’approche et lui prend la tête entre ses bras pour le réconforter. Lui se laisse aller…

Lui : Comment ai-je pu t’oublier ? Pourras-tu me pardonner ?

Elle : Oui, comment as-tu pu nous oublier !

Lui : Tu crois que nous pouvons tout recommencer comme avant ?

Elle : Oui. Toi, nous, tout recommencer, c’est possible car je le veux. Car pour moi qui n’oublie pas ce sera la première fois mais pour toi qui consomme sans rien retenir notre amour se rejoue à l’infini. Mon ami, mon bel amant du passé et du futur je te donne à toutes les filles de cette planète pour que les beaux serments que tu vas certainement me faire soient respectées par-delà moi-même. Et maintenant jouons !

Elle l’embrasse…

Elle : Parle-moi de toi, de ta vie, que fais-tu quand tu n’es pas ici, quand tu nous oublies ?

Lui : Ah tes lèvres, quelle source de fraicheur ! Je te jure qu’il n’y a pas 10 planètes dans la galaxie qui détiennent des femmes aussi belles que toi ! Vois comme je tremble !

Elle : C’est cela qui fait ton charme… Ton enthousiasme inextinguible ! Comment fais-tu pour vivre aussi intensément tous ces moments présents ?

Lui : Tu le sais bien ! Contrairement à toi je n’ai pas d’histoire, pas de passé. Mes aïeux se perdent dans la nuit des temps si éloignés qu’ils se confondent avec la préhistoire. Ma famille n’est qu’une communauté stagnante qui n’ose s’agrandir car elle ne peut plus se renouveler ! Ce qui m’enthousiasme c’est ta vie, c’est ta fraicheur, c’est cette source en toi qui jaillit, qui s’épuisera aussi. A moi il ne me reste que cela. L’heure où je ne saurais plus m’éblouir dans le présent je mettrai fin à mes jours car mon avenir n’existe pas et je ne peux plus m’appuyer sur mon passé qui est comme une vieille pute ayant trop fait de passes !

Elle : Ne parle pas comme cela et jouis encore du présent. Jouis de moi, prends mon cœur qui t’est donné depuis mille ans déjà et prends aussi ce nouveau corps. Couvre-moi de caresses comme tu as aimé toutes nos femmes. Fais que je sois l’une d’elle et parmi toutes, la plus jeune d’une longue lignée, la plus désirable étant la dernière.

Lui : Cette planète gazouillante, me la feras-tu visiter ? M’emmèneras-tu dans ses recoins reculés ? Gouterons-nous à ses spécialités ?

Elle : Bien entendu bel homme. Quand tu voudras ! Quel temps m’accordes-tu car ce type d’exploration chez nous peut durer une vie !

Lui : Du temps ? J’en ai bien trop et si peu… Notre vaisseau repart dans une semaine.

Elle : Comme toujours !

Lui : C’est peu et beaucoup à la fois…

Elle : C’est minable mais nous feront de chaque jour une fête des plaisirs et des sens ! As-tu des obligations durant cette semaine ?

Lui : Demain matin je prononce un discours devant l’assemblée des enfants et le jour du nuage je dialogue avec les centenaires. C’est tout. Mon équipe de campagne s’est déjà égaillée dans la ville à la recherche de détente, de souvenirs pour certains, de plaisirs ou d’émotions pour d’autres. L’un d’entre eux, féru de cavités, a déjà entrepris la visite des grottes du coin tandis qu’un autre gravit les plus hauts sommets de Géline.

Elle : Nous avons donc la soirée et la nuit devant nous. Puis nous partirons explorer l’Ile et la famille. Nous serons de retour le jour du soleil. Nous repartirons le jour de la pluie faire une dernière virée tous les deux sur notre satellite que tu puisses faire un dernier adieu à notre terre.

Lui : Un adieu ?

Elle : Un au-revoir bien entendu idiot car tu reviendras ! Mais quand tu seras de nouveau là je ne serai probablement plus, et tu le sais ! Viens !

 

 

Aymeric - 2012

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